Et voilà, c’est fait !
Tout commence il y a un peu plus d’un an, où avec VB on lance l’idée de réaliser un doublé Klagenfurt/Embrun. A l’époque ce défi me paraît suffisamment fou et attrayant car après une année 2009 quasi blanche, je suis en manque de compétition et de challenge.
Début Juillet, Klagenfurt est fini, il me reste 1 mois et demi pour préparer Embrun. Pas mal d’interrogations durant cette période pour trouver un compromis entre la récupération et la reprise de l’entraînement. Les nuits caniculaires de mi-Juillet ne facilitent pas tellement le repos et les premières sorties natation/vélo/CàP sont difficiles. Puis j’envoie les derniers coups nageoires, de pédales et de pompes les 2 dernières semaines de Juillet mais je ne suis pas très confiant et doute de mon niveau de forme. Enfin je dédie les 2 semaines précèdent l’épreuve à du repos quasi total.
Arrive la veille de la course, je débarque à Embrun avec de la famille. Je récupère mon dossard, pose mon vélo (mais non pas dans un fossé
) et rejoins la Barbier’s Family au camping en fin d’après-midi. Malgré les différents SMS d’encouragements de rillettes (merci à tous), la motivation n‘est pas au mieux car il ne cesse de pleuvoir, je ne peux pas monter ma tente 600 secondes et l’arrêt des pluies programmé à 17h est décalé à 23h
. Bref c’est l’heure du plat de pâtes traditionnel d’avant course et au lit. Au moment où l’on commence à s’endormir la pluie s’arrête et je peux ronfler tranquillement dans l’espace qui m’a été aménagé sous la tente Barbier
Lever 4h
! La météo se présente bien. Bon allez c’est l’heure des gâteaux sport : un fondant et une espèce de truc façonné maison tout raplapla (mais avec du chocolat
). Un p’tit tour au WC pour une grosse com’ (ça aussi, travaillé à l’entraînement
) et hop on saute dans la voiture des voisins de camping (mais non pas comme ça d'un coup
, VB leur avait demandé de covoiturer la veille, merci à eux).
5h12, arrivé au parc à vélo, VB me laisse (elle part à 5h50). Fabrice est déjà là, Totof nous rejoint, on discute, on prend des nouvelles, mes lunettes de vélo ne sont pas dans mon sac, Totof m’en prête une paire, le temps passe, on se rapproche de la ligne départ, on retrouve Choco, il est 6h….
Et c’est parti ! On se jette dans l’eau, ma foie, bien agréable du Lac de Serre-Ponçon. Grande particularité de cette natation où la première des deux boucles se fait en partie de nuit, les repères pour moi ne changent pas puisque, même de jour, je vois rarement les bouées
. Un premier tour pas très simple, j’évite quelques coups de pied et uppercuts, j’ai l’impression d’être le seul à nager droit sur 900 pélos
Un deuxième tour où les écarts ont commencé à se dessiner, du coup j’arrive à nager beaucoup plus régulièrement. Une sortie d’eau loin d’être catastrophique en 1h08 d‘après Fabrice que je retrouve sur le chemin menant à nos montures. Transition de rêve 46sec et 15min durant laquelle je retrouve mes lunettes. Fabrice et Totof seront sur le vélo bien avant moi...
Le coupe-vent et plein de bouffe dans les poches, je monte sur mon vélo pour un peu plus de 180kms !. L’avantage de ce parcours, c’est que t’es direct dans le vif sujet
avec une belle montée jusqu’à St-Appolinaire pour redescendre sur Embrun. Puis on attaque une longue route vallonnée qui nous amène jusqu’au pied de l’Izoard. 70ème km : jusqu’ici mon récit v&lo est un peu vide mais il n’y a rien de bien particulier à signaler. Du coup lorsqu’on ne sait pas trop quoi raconter, on parle météo, alors voici un p’tit point : il fait soleil, légèrement nuageux et plutôt doux. Je pourrais aussi faire un point sur la course et dire qu’y a surement plein de monde devant moi car mon rythme n’est pas élevé car j’appréhende énormément la suite
Et voilà ! Un virage sur la gauche et on commence le col de l’Izoard, Les premières pentes sont douces jusqu’à Brunissard où elles deviennent plus raides avec des virages en épingle salvateurs pour s"alimenter. Je gère et reste fidèle à ma feuille de route établie suite aux conseils des différents anciens Embrun(wo)men : ne pas puiser dans la réserve, l’après Izoard est difficile. Ca y est, je suis en haut, satisfait de ma montée, la moitié du parcours est faite. Je suis content de pouvoir récupérer mon ravito perso non seulement pour la bouffe
mais aussi pour le sac poubelle (conseillé par VB et Lucio) à caler sous le maillot pour la descente car j’ai d’un coup très froid
. Du coup la descente est un calvaire : j’ai de plus en plus froid et j’essaie de contrôler mes tremblements pour tenir le vélo
Finalement rien de telle qu’une bonne montée vers les Vigneaux pour se réchauffer
. Je n’ai aucune idée de mon chrono car j’ai décidé de partir sans compteur ni montre. Je me sens bien pour attaquer les 2 dernières grosses difficultés. J’arrive au pied de la première (Pallon) où ma famille désespérait de m’attendre. Ils m’encouragent et leurs cris me poussent à envoyer (hein VB, POU, Bambi
) dans cette pente très raide mais relativement courte comme pour leur montrer que j’ai encore de l’énergie pour la suite. En haut, une vive douleur se réveille au genou gauche
. J’amorce la descente mais à chaque coup de pédale, je sens cette douleur. Cette douleur
Mais elle me dit quelque chose
! Je regarde la position de mon pied sur la pédale et c’est bien ce qui me semblait : ma cale est déréglée et mon talon part sur l’extérieur. Il reste environ 40 kms et je décide de continuer comme ça en essayant d’ajuster au mieux la position de mon pied, espérant que je ne ressentirai pas la douleur sur la marathon. Je finis les derniers kms à cogiter sur ce genou et en sollicitant plus la jambe droite notamment lors de la dernière difficulté à Chalvet. Enfin c’est la descente vers le plan d’eau et je me sens plutôt bien. Je me dis que ça serait rageant d’arrêter mais je me prépare à assumer ce problème de réglage le cas échéant…
J’enfile mes affaires de CàP, j’aperçois JC juste en face de mon emplacement et je lui dis que j’ai le genou en vrac et au moment où il me dit de m’accrocher, je commence à courir et là aucune douleur
. Je peux donc me lancer sur le marathon (2 boucles de 21kms) et démarrer le chrono. Ma stratégie est claire : surtout ne pas commencer trop vite comme à Klag et me caler entre 5 et 6 min au kilomètre. Bon je démarre doucement car l’enchaînement est délicat et je prends du retard sur mon objectif. Puis les kilomètres défilent et j’atteins le rythme que je me suis fixé. Le but est alors de passer sous la barre des 2h au semi. Je me ravitaille régulièrement et repère les stands (avec les plus belles filles
) pour le deuxième tour. Les ravitaillements sont denses autour du parc à vélo mais plus rares quand on s’en éloigne. La fin du semi approche et je vois une tunique rillette pas très loin devant, C’est Totof, il marche et a pris la décision d’abandonner. Je tente bien de l’en dissuader avec, entre autre, mon histoire de jolies filles aux stands mais rien à faire, je prendrai seul le bracelet du second tour
Je’m méfie de ce début de deuxième semi, je décide de courir plus lentement, histoire de ne pas prendre de mur à 25 ou 30 kms. Je croise Fabrice qui en finit, je l’encourage (je l’aurais insulté, je crois que ça aurait été pareil
). Autour du 25ème km, il y a une longue descente et je me dis que ça vaut le coup d’accélérer. 30ème km, pas de mur, je regarde mon chrono, je suis dans les clous d’un marathon en moins 4h. Voilà un objectif qui va pouvoir me permettre de m’accrocher
. 35ème km, il pleut, c’est l’orage, mes baskets et mon t-shirt inondés commencent à faire leur poids. Plus que 5kms, je reste tout de même dans les temps mais ça devient dur : mes jambes sont lourdes, les douleurs musculaires arrivent. Encore 2kms, les vieilles douleurs renaissent, ma marge se réduit. Plus qu’1km, un dernier coup d’œil à ma montre, allez !! Accroche-toi !! Je vois enfin la ligne d’arrivée, je la franchis avec mon père et ma tante….
Merci aux personnes qui m’ont encouragés ; ma famille, Elia, Tom, Lucio, JC, Bilbo, HDM, les gens qui ont crié mon nom (ceux que je n’ai pas reconnu et ceux que je ne connaissais pas)
Ce finish scelle pour moi la fin d’une saison pleine avec le club : sportivement, intellectuellement avec le BF5 et aussi émotionnellement comme les moments passés à Klag ou au Ventoux Je tiens à remercier mes compagnons de sorties vélo notamment VB et POU.