Suite et fin comme promis. C'est vrai qu'un CR d'Embrun c'est pas facile, on voudrait tout partager tellement c'est fort en émotion.
Mercredi 15 aout 3h30 réveil.
Je n’ai presque pas dormi, normal, j’attends ce moment depuis si longtemps. En commençant le triathlon il y a 6 ans , le rêve ultime était Embrun mais impensable quand on a peine à nager 200m en crawl, que l’on n’a jamais fait de vélo sauf pour aller chercher le pain et qu’ on est fière d’arriver à courir une heure. Mais comme quoi, progressivement l’impensable devient réalité.
Je fais couler le café que je mets dans un thermos, je m’habille, prends mon cake avec moi, inutile d’essayer de manger pour l’instant, ça ne passera pas. Je vérifie pour la 10ème fois le matos et direction Embrun le parc à vélo (30 mn de voiture). Non sans m’arrêter encore une fois à 5mn de la maison pour vérifier si j’avais bien mes bidons.
Arrivée au parking, il est à peine 4h15, je gare ma voiture proche de la sortie (histoire de bien repérer où je suis, on peut être un peu désorienté après des épreuves longues). Entrée dans le parc à vélo, fidèle JF est là pour m’accueillir, m’explique les entrées et sorties vélo, CAP, il faudra quand même que je lui redemande après le vélo. Je gonfle les pneus, je mange un bout de cake , boit un peu de café et direction pipiroom avant qu’il n’y ait trop de monde. Les rilliettes arrivent, on est contents de se voir, dernier bisou et encouragements, on appelle les féminines. On partira 10mn avant les garçons, pas de tabasse c’est déjà ça. C’est vraiment une ambiance irréelle ce départ dans la nuit, ce n’est pas aussi bruyant que d’habitude et pourtant il y a beaucoup de monde.
Et c’est parti pour la nat, en pleine nuit, c’est grandiose, le petit bateau avec la lampe s’éloigne, j’essaye de repérer les bouées mais je ne vois rien, tant qu’il y a des bonnets blancs autour… Première inquiétude, je sens le bracelet de ma puce bougé, gros stress qui me suivra tout le long de la nat. Passage d’une bouée puis 2 mais elle est où la suivante ? le jour se lève, il fait bon nager, les premiers garçons me rattrapent puis un 2ème groupe, pétard ils vont vite. Début du 2ème tour tout va bien, je nage à mon rythme, sortie de l’eau en 1h20 ( j’avais prévu 1h30 pour la nat transition comprise) Bon ça c’est fait, arrivée vers la chaise, VB est partie je me change, coucou à Lolo , coucou à JF passage aux toilettes indispensable et c’est parti pour le vélo. Le vélo, c’est la partie difficile mais je ne la redoute pas, j’ai de bonnes sensations surtout en montagne même si c’est dur.
Montée vers St Appolinaire, je me fais doubler sans arrêt mais je rattrape 2 filles déjà à la peine dans les premières pentes. Avec un peu de chance je verrai mon mari et mes filles dans la descente vers Prunières ( notre lieu de villégiature) . Les kms défilent, on passe Savines, montée vers Baratiers , il y a foule, les spectateurs nous encouragent c’est une ambiance de feu. Puis les kilométres défilent avec de beaux paysages, je me concentre sur mon rythme, en cadence sans forcer mais sans trainer, pour l’instant c’est bon , les délais sont tenus. On s’approche de l’Izoard, Cricri me rattrape, on échange rapidement, il a l’air bien, je commence à sentir une légère fatigue, mais rien d’inquiétant, je suis confiante. Début de la montée, il commence à faire chaud, je m’arrose le visage et c’est parti pour la grimpette. On commence à voir quelques triathlètes en difficulté. C’est dur mais ça passe relativement bien, sauf que je commence à manquer d’eau et que j’ai un peu la nausée. Allez c’est pas pour rien qu’on a fait tous ces cols, les 3 derniers kilomètres sont majestueux, que c’est beau.
Arrivée au sommet, je retrouve VB puis Sam nous rejoint. Je prends mon sac ravito mais je suis incapable de manger. C’est vraiment un truc bizarre, on a fait des sorties longues, je dévorais et là ça passe pas. Je remplis les bidons et c’est reparti, on se suit plus ou moins avec VB. Je me sens vraiment bien, mieux qu’à l’approche de l’Izoard, la chaleur est bien présente maintenant mais il y a du vent, je grignotte ce que je peux. Un mur droit devant mais c’est quoi ça ? Vb me crie c’est le Palon. Tout à gauche et vite, c’est bien raide mais qu’est ce que j’aime ça, faudrait pas que ça dure trop longtemps quand même. Le Palon , c’est pas long. Puis succession de lignes droites, contre le vent de montées casse pattes, Lolo nous a doublé vers St André d’Embrun, je tiens le bon bout et c’est dans les délais. 180 kms, on croise des triathlètes dans leur marathon. La pente se raidit, Je vois VB devant à la peine, elle m’avait parler d’un dernière montée dure sur la fin, ça doit être ça. VB s’arrête, elle a l’air épuisé, j’hésite à m’arrêter, elle a l’air vraiment mal, je continue sur ma lancée, elle sait gérer ce genre de situation, il fait chaud. Ca me rappelle fortement l’Alpe d’Huez sauf qu’au même seuil de fatigue, il restait l’Alpe à gravir et que là ce sera beaucoup moins long. Autre avantage, il y a plein de gens sur le bord qui nous arrose, nous donne de l’eau, je me sens pousser des ailes en voyant un certain nombre de triathlètes arrêtés ou marchant. Arrivée en haut, je me sens vraiment bien, je remplis les bidons, puis descente vers le parc, je savoure, je vais finir le vélo dans les délais et je ne suis pas dans le rouge du tout, ça va le faire. Arrivée vers le parc tout sourire, j’aperçois mes filles, encouragements, je suis sur un petit nuage.
JF est là fidèle au poste, petit massage, je mange une compote, VB arrive , je n’en reviens pas comment a t-elle pu retrouver l’énergie nécessaire pour arriver si vite, je n’en reviens pas , je l’ai laissé au plus mal et elle est là, chapeau mdame. Passage aux toilettes et je repars en courant casquette sur la tête, je suis exactement dans les temps prévus, j’attaque le marathon avec confiance.
Trop de confiance sans doute, erreur de débutante sur IM, je pars sur un rythme sûrement trop élevé au lieu de me mettre en sous régime. Je croise le minou qui finit son 1er semi, Sam est devant , je le retrouve un peu plus loin, on court un moment ensemble, il a un coup de mou, après hésitation entre rester avec lui et continuer sur mon rythme, je finis par garder ma foulée, le laissant derrière. Tricastor est au 10ème km encouragements, on longe la Durance mais ça commence à se gâter, je commence à me sentir vraiment fatiguée, la course devient pénible, il fait chaud, je m’arrose le plus possible mais je n’arrive plus à boire, l’eau passe difficilement, impossible de manger et le coca ne passe plus non plus. Je marche dans les faux plats de la partie Baratier, relançant à chaque fois que ça descend mais j’ai de plus en plus de mal. Passage au petit Liou, les rilliettes font du bruit, et me redonne de l’élan. Je croise Cricri en peine qui attaque le 2ème tour. Parc à vélo encouragements de mes filles, j’attaque le 2ème semi, je passe en mode survie. Tour de lac, je croise VB qui marche mais qui tient bon, quel courage. Balai des pompiers, une joggueuese me double dans la montée au village, elle m’encourage beaucoup , petite tape sur l’épaule. J’essaye de boire un peu de jus d’orange pour essayer de reprendre un peu de sucre mais là c’est limite du vomitout. Je passe le 12ème km, je n’en peux plus, je cours jusqu’au pont de bois attendant presque la montée de Baratier pour marcher . Ce que je fais, trop fatiguée plus de jus, il reste 8 kms. Je me résigne à marcher, de toute façon, je n’arriverai pas à courir jusqu’au bout. Pendant 4 kms , je me promène dans la nuit avec mon gobelet d’eau, je bois de petites gorgées toutes les 2, 3mm, au moins je me réhydrate. Mais que c’est long en marchant. J’arrive toujours en marchant au petit Liou, toutes les rilliettes sont là, j’avoue ma faiblesse, Karine continue à m ‘encourager. Quelques centaines de mètres plus loin, je recours, les rilliettes m’ont envoyé de l’énergie, à 3kms de l’arrivée, mon pied droit vrille, je tombe. Ouf plus de peur que de mal, je me relève et continue à courir, ça sent la fin, tout va bien, j’ai repris un peu de jus, j’apprécie les derniers kilomètres, l’adrénaline se met en route, j’accélère sous la ola du public, je me sens pousser des ailes, mes filles sont là, mon mari pour les derniers mètres, c’est incroyable, je passe la ligne d’arrivée, c’est fait, j’ai mon T-shirt FINISHER.
Karine « coach » me donnera les nouvelles de Lolo, VB, Lucio et le prez. Je n’ai pas la force des les attendre
C’était une sacré aventure, humaine incroyable, merci à mes partenaires d’entrainement, merci à toutes les rilliettes pour vos encouragements.
En direct de Croatie, c’était Bambi pour le CR d’Embrun.